Jeudi 4 Avril 2024

Le ciel est nuageux ce matin mais pas de pluie en vue. Nous quittons notre appartement de Kyoto pour prendre le train en direction de Fukui. Nous longeons le lac Biwa pour arriver à la gare de Fukui qui est assez jolie. Il y a une maquette de trains rigolote, un dinosaure en bois et d’autres sculptures de dinosaures assez amusantes un peu partout dans la gare.

Nous prenons un bus en direction d’Eihei-ji pour être très bien accueillis dans le bel hôtel à côté du temple. Le Temple de Eihei-ji 永平寺 est le temple principal du courant Soto Zen et celui où se trouvent les cendres du Moine Dogen, fondateur du courant Soto. Bref, pour un non initié comme je le suis, c’est principalement l’architecture et l’ambiance qui m’attirent dans ce lieu et il faut avouer que c’est particulièrement beau. Nous avons même eu la chance d’avoir des rayons de soleil dans le temple.

Mardi 2 Avril 2024

Encore une journée sans trop de nuages. Nous prenons le train pour Otsu (Hieizan-Sakamoto Station 比叡山坂本駅) et montons plus particulièrement vers Sakamoto. Entre la gare et le sommet de Sakamoto, plus nous avançons, plus nous découvrons de belles choses, à commencer par le splendide cerisier “lié” à Toyotomi Hideyoshi, qui sort vraiment du lot. Un peu plus haut, j’entends les cris familiers d’un cours de kendo. Un groupe de jeunes s’entraîne les fenêtres ouvertes. Nous parcourons l’entrée d’un premier temple, le Shigain Monzeki Temple 滋賀院門跡, très beau, mais une autre aventure nous attend et il faut faire des choix.

Nous montons dans le Sakamoto Cable Car 坂本ケーブル (1660 yen l’aller-retour) pour gravir tranquillement le mont Hiei 比叡山. Nous mangeons en haut avec une vue panoramique sur le lac Biwa.

Nous dédions l’après-midi au sanctuaire Enryaku-in (1000 yen pour l’accès à la grande zone des 3 sanctuaires). En vrac, nous avons fait la chasse aux tampons, des grues en origami, j’ai calligraphié une prière en échange d’un porte-bonheur (et fait un don de 1000 yen), enregistré quelques oiseaux, et pris des tas de photos de magnifiques temples. Le temple principal du Enryaku-ji est malheureusement sous un hangar pour être rénové. C’est moins beau mais très intéressant de voir la (re)construction de ce genre de monument.

Bien sûr, nous avons pris le temps de profiter de la forêt si agréable avant de redescendre pour faire un tour gratuit (car après 16h, il n’y a plus personne pour faire payer l’entrée) du Hiyoshi-taisha 日吉大社.

Dimanche 31 Mars 2024

La météo annonçait un grand ciel bleu, mais le temps était couvert.

De la fenêtre de notre chambre, on aperçoit la pagode de To-ji. C’est vraiment très cool de loger à côté.

A priori, il n’y a pas de risque de pluie, nous partons donc sereinement pour notre première journée de visite de Kyoto 京都. Alarmés par les articles volontairement mal écrits sur internet, nous décidons de profiter du dernier jour d’ouverture des fameuses ruelles de Gion. Ces ruelles, dans lesquelles il est déjà interdit de prendre des photos, sont en fait plutôt désertes. C’est dommage car les incivilités de certains vont fermer l’accès à de jolies toutes petites rues et rendre le quartier moins intéressant, car il ne sera possible de rester que sur les grands axes. Mais cela ne concerne en réalité qu’une partie marginale du tourisme de cette zone. Les touristes sont nombreux et ils sont principalement dans des lieux emblématiques. Malgré la foule, ces endroits valent quand même le détour. Par contre, beaucoup de petits lieux sont payants et ferment assez tôt. Beaucoup de temples sont fermés ou payants et on voit clairement la dimension massivement touristique du lieu. Mais je pense que Kyoto vaudra toujours le détour, et qu’un séjour plus long serait intéressant.

Maruyama 円山公園

Nous commençons par le parc Maruyama qui borde le quartier Gion. C’est très grand et si la première partie est noire de monde, plus on monte, moins il y a de monde. Le temple Chion-in 知恩院 est impressionnant par sa taille et son étendue. D’une manière générale, nous ne sommes pas allés dans les lieux payants, et malgré cela, en y passant une bonne partie de la journée, nous sommes très loin d’avoir fait le tour et avons vu de très belles choses.

Après avoir parcouru les hauteurs, nous mangeons dans le parc Maruyama (mon premier okonomiyaki) qui commence à fleurir ! Enfin quelques cerisiers en fleurs ! Nous serons peut-être partis pour la pleine floraison, mais certains coins commencent à ressembler à quelque chose.

Gion 祇園

Pour digérer tranquillement, nous déambulons dans Gion. Les rues fameuses et les petites rues sont très belles, même si la rue Hanamikoji est trop fréquentée, en plus d’être ouverte à la circulation automobile. Nous traversons ensuite le parc du temple Kenninji 建仁寺 puis remontons la fameuse ruelle en direction de la pagode Hakan-ji. Encore un lieu extrêmement touristique mais très sympa quand même. Nous marchons ensuite jusqu’au bouddha géant du Ryozen Kannon 霊山観音 mais il est déjà fermé. Entre temps, nous sommes quand même passés à la boutique Ghibli qui, comme toutes les boutiques Ghibli, déborde de mignonnerie (très chères ^^).

To-ji 東寺

Les pieds commencent à chauffer, il est temps de rentrer. Nous repartirons pour voir la tour du To-ji de nuit. Mais les arbres n’étant pas encore en fleur dans le parc, la visite nocturne attendra.

Samedi 30 Mars 2024

Ena 恵那市

Aujourd’hui, le temps est couvert mais il ne pleut pas.

Nous profitons d’être à ENA pour visiter le musée d’art Hiroshige. Hiroshige est un peintre japonais auteur de nombreuses estampes que j’adore. C’est un petit musée qui, pour 520 yen, propose un grand espace d’exposition d’estampes “originales” (par définition, une estampe est une reproduction, mais disons traditionnelle) et un second étage dédié à la pédagogie de l’estampe. À savoir que les estampes sont des blocs de bois gravés qui servent à imprimer en plusieurs couches pour créer une image. Et chaque mois, ce musée propose de venir imprimer soi-même ses propres estampes : une petite et deux grandes en A3 (jusqu’à 5 couleurs, noir inclus). Bien sûr, pour survivre à l’utilisation hasardeuse des visiteurs, ici vous n’imprimez pas avec des blocs de bois sculptés, mais avec des facs similaires en plastique. L’utilisation est moins périlleuse mais tout aussi efficace. C’est très amusant à faire et cela permet de comprendre réellement la fabrication de ces images. On découvre aussi les blocs originaux et les outils traditionnels. Nous avons été très bien accueillis et les dames de l’accueil ont gardé nos bagages pour nous permettre de profiter de la visite. Malheureusement, les photos y sont interdites donc je n’ai pas grand-chose à vous montrer de cette matinée. Fait agréable, un papi avec un t-shirt du musée Ghibli, dont je ne suis pas sûr qu’il fasse partie du staff, nous a offert sa pochette plastique pour transporter les estampes (vendue 100 yen par le musée) et nous a donné des estampes faites au musée (par lui) sur d’autres périodes et donc des images que nous n’avions pas ! Il nous a aussi montré comment bien utiliser le matériel et nous avons un peu parlé de kendo et de mushin (l’état de non-pensée, utile en art, en kyudo et dans les budo). Il a tenu à prendre en photo mon sweat du club d’Annecy. Il n’y avait presque personne et c’est un luxe que j’apprécie même si je suis un peu triste que cette belle pratique n’attire pas les foules. J’aimerais faire découvrir l’estampe lors d’ateliers avec l’association, mais cela demande pas mal de matériel, de travail et donc de ressources que nous n’avons pas pour le moment.

Ena n’est pas une ville très jolie ( pour ce que nous en avons vu) mais notre séjour y fut très pratique et bien moins coûteux qu’une auberge à Magome ou Tsumago. C’est aussi à quelques dizaines de mètres de notre hôtel que nous avons restitué notre voiture. L’expérience de location avec Toyota Rent a Car est très pratique, certes nous avions pris leur assurance mais la prise et la restitution du véhicule furent simples et rapides.

Kyoto 京都市

En début d’après-midi, nous prenons le train pour Kyoto via Nagoya. Nous avions envisagé de faire un saut à Nagoya mais la fatigue et nos bagages nous ont poussés à prendre directement le Shinkansen une fois dans la plus grande gare du monde. À titre indicatif, la location de voiture était plus simple que la prise de billet pour le Shinkansen…

Une fois à Kyoto, nous découvrons avec joie notre Airbnb pour les 5 prochaines nuits. Après avoir posé nos bagages, nous faisons un saut au temple Tō-ji 東寺 juste à côté. C’est magnifique mais nous arrivons au moment de la fermeture journalière. Ici, la visite du temple est payante, les visiteurs sont invités à sortir à 17h pour pouvoir acheter à 18h un billet “de nuit”. C’est très beau et à deux pas, nous y retournerons. Du coup, nous allons faire quelques courses (les supermarchés ici n’ont pas grand-chose à voir avec les nôtres) pour manger tranquillement et finir la soirée par un petit jeu avant un repos bien mérité !

Vendredi 29 mars 2024

La matinée est très pluvieuse, mais ce n’est pas grave car nous avons prévu de parcourir la Nakasendo en voiture pour rejoindre Magome. Entre la pluie et le printemps tardif, le trajet n’est pas vraiment intéressant. J’irais même plus loin : ce Japon « rustique », loin des circuits touristiques, est par endroits plutôt moche. Aussi, on parle sans arrêt de la propreté du Japon, mais certains bords de route sont très sales. Le Japon est un pays merveilleux, mais l’idéaliser n’est pas utile. Comme partout, il y a des endroits inintéressants, sales ou problématiques.

Vers 13h, nous arrivons à Magome et la pluie s’arrête. Nous allons parcourir à pied une partie de la Nakasendo, plus précisément entre la ville poste frontière de Magome et sa jumelle Tsumago. Ces deux villages sont très touristiques et absolument magnifiques. La balade est agréable et assez facile, mais ce n’est pas une carte postale médiévale tout du long, comme certains la vendent parfois. Les deux villages sont très beaux, et comme pour Suwa, j’aurais aimé y passer plus de temps. La randonnée est très sympathique, mais ne vous attendez pas à revivre un épisode de Samurai Champloo non plus.

Le soir nous dormons à Ena dans un hotel container (marrant), et mangeons dans un restaurant de tonkatsu typique.

Dimanche 24 Mars 2024

Temps assez médiocre aujourd’hui.

Akastuka

Je me lève relativement tôt aujourd’hui car j’ai un entraînement de kendo ce matin. Ce sera le premier et sûrement le dernier de mon séjour donc je suis assez excité à cette idée.

Je me rends donc à Akatsuka au Dojo Kyumeikan et j’y suis très bien accueilli. Je les avais contactés quelques jours plus tôt et ils m’avaient gentiment répondu. C’est un dojo avec une forte volonté d’amitié à l’international et ça se ressent. Amis français, vous pouvez y aller sans appréhension ! Avant d’en parler à Ghaïs, j’appréhendais un peu de ne pas avoir le niveau pour survivre à un entraînement japonais, mais le Japon est comme le reste du monde, il y a des gens plus forts et d’autres moins. En tout cas, le cours s’est bien passé pour moi, j’étais bien cuit, mais comme en France ^^.

Après ce bon entraînement, Kato sensei fait une petite démonstration de iaido et m’offre des fascicules du dojo et deux presse-papiers trop stylés. Encore merci à eux pour ce bel accueil. (Fun fact, j’ai rencontré un autre Matthieu de France qui s’entraîne là-bas. Il est très sympa et travaille au Japon !)

SETAGAYA

Je retourne à l’hôtel prendre une douche et me reposer un peu avant de repartir pour Setagaya pour mon dernier cours de Tenshinryu au Japon. C’était plus intense qu’hier mais tout aussi intéressant. J’apprécie de profiter en direct des corrections des sensei. Notamment sur les postures. Par rapport à la perception extérieure des mouvements à pleine vitesse, la réalité est bien plus complexe. Si l’on compare à des écoles plus “communes” et “modernes” de iaido où l’alignement vertical du tronc est assez strict, ici ce n’est pas systématique. Au contraire, les positions mobilisent de façon complexe toutes les parties du corps avec pour objectif la rapidité, une géométrie favorable à la sécurité vis-à-vis de l’adversaire et une capacité à ajuster le mouvement par rapport à la situation et favoriser. Ainsi, par rapport à ce que l’on perçoit, les positions sont bien plus complexes à réaliser qu’il n’y paraît. Par rapport à la sensation, les ajustements sont souvent des positions “exagérées” et pas très naturelles à priori. Les sensations sont assez difficiles à décrire mais j’ai beaucoup filmé les cours et je vais essayer d’en retranscrire une partie, cela me sera utile à l’avenir.

Et justement en parlant d’avenir, je pense vraiment pratiquer cette école dans la durée. Je suis loin de pouvoir l’enseigner mais dans quelques années ça devrait être possible. En attendant, j’aimerais trouver des gens avec qui pratiquer cette école, histoire de créer un groupe d’étude, sous la supervision pédagogique de Pierre-Emmanuel Sensei et des cadres japonais. Ide Sensei a partagé avec le groupe japonais nos intentions de dynamiser le groupe France et m’a formulé le souhait de m’évertuer à reproduire le même genre d’ambiance en France qu’au Japon. Et cette ambiance n’est pas celle du fantasme quasi militaire qui fait rêver certains occidentaux. Kuwami sensei et son groupe sont des gens chaleureux, avec beaucoup d’humour et une vraie passion pour leur art, et une recherche honnête. Kuwami sensei a même tenu à me faire une accolade à mon départ, ce qui n’est pas du tout dans les habitudes des Japonais (ni des miennes) !

Samedi 23 Mars 2024

Il fait très mauvais ce matin. C’est mon dernier jour dans ma famille d’accueil. Je prépare donc ma valise, bosse un peu, glande un peu. Je dois passer poser ma valise à mon hôtel du week-end avant d’aller à l’entraînement. Une fois cela fait, j’ai une vingtaine de minutes d’avance sur mon trajet pour le dojo de Yokohama. La météo s’est calmée. Je décide donc de faire un tour du quartier où je loge : Akasaka.

Akasaka 赤坂

Je vois un torii et je m’y dirige donc. De l’extérieur, le temple est en travaux mais on peut quand même rentrer dans la cour et le visiter. Je fais donc une visite rapide du sanctuaire Hie. C’est dommage car au moment où j’arrive, il y a une démonstration d’arts martiaux dans le temple. Pire, la démo de iaido se termine quand j’arrive, j’ai le temps de voir 3 minutes d’aïkido puis je dois partir pour mon entraînement du jour. Dommage car le lieu est vraiment sympa.

Cela va sans dire mais je passe beaucoup de temps dans les transports en commun ici à Tokyo… minimum deux heures par jour.

Yokohama 横浜市

En route pour Yokohama ! Une fois à Ichigaocho, je retrouve Ide sensei à la gare (par hasard) et nous allons au dojo ensemble. Tenshin sensei a préparé 5 pages de cours, je n’y comprends malheureusement rien mais il nous montre quelques mouvements intéressants ! Il a pas mal de choses à dire aujourd’hui, donc la pratique est moins intensive mais très intéressante. Ce cours du samedi est intéressant car on se retrouve plongé dans la recherche technique de l’école. Tenshin ryu est une école de sabre assez complexe, mais plutôt pragmatique, avec beaucoup de variations. Au début du cours, Tenshin sensei me propose de tester une arme dont je ne sais rien. Une chaîne accrochée à la base du sabre court. Elle doit rester dissimulée mais peut servir pour surprendre l’adversaire. Ide sensei m’explique qu’il n’y a pas vraiment de kata avec cette arme mais que l’étudier fait partie de l’école. Mes quelques essais laissent Tenshin sensei dubitatif (à juste titre).

Kuwami sensei est intéressant car en plus d’être très habile, il est vraiment dans une recherche pour perfectionner le style. Il est exigeant dans la pratique, mais a beaucoup d’humour et accepte sans problème d’échouer parfois à démontrer quelque chose. Par exemple, Tenshin sensei me demande de ne pas remonter mes manches. Kuwami sensei m’explique que même avec des manches larges de type sodé, il faut être capable de pratiquer. Dans les 10 minutes, il aura des problèmes de manche (qu’il porte large) qu’il soulignera par une petite blague. Il m’empêche que pratiquer avec lui est toujours assez étonnant car il exige toujours des élèves qu’ils s’engagent beaucoup face à lui, même si cela est risqué pour sa sécurité (à lui). Il est complètement dévoué au sabre. J’essaie d’enregistrer ce qu’on me propose à chaque cours, mais ça ne s’encrera qu’avec beaucoup de pratique.

Il est déjà l’heure de rentrer et je fais une bonne partie du trajet avec Ide sensei et nous discutons bien. Certes en anglais mais j’essaie quand même de parler japonais quand la phrase me vient. J’essaie aussi de suivre attentivement les conversations qui m’entourent pour essayer d’en capter des bribes mais je ne suis pas encore à m’intégrer à une conversation entre natifs.

15-16-17 Mars 2024

Dimanche 17 mars

Je suis en retard sur mon journal ! Aujourd’hui, j’écris un peu moins, mais j’attendais ce dimanche pour avoir des photos afin d’illustrer les deux jours précédents pour lesquels je n’en ai pas beaucoup.

Kawasaki 川崎市

Dimanche ensoleillé, j’en profite pour aller au Nihon Minka-en, le musée en plein air des maisons traditionnelles avec toit de chaume (ou pas). C’est un musée que je voulais visiter depuis longtemps et j’y ai passé 4 heures sans souci, à prendre plein de photos. Les maisons sont magnifiques et les gens qui les animent sont très sympas. Ensuite, je suis monté à l’observatoire du mont Masugata avec l’espoir d’y voir le mont Fuji, mais non. La vue est quand même sympa et j’ai pu me poser un peu.

Setagaya 世田谷区

Je suis ensuite retourné à Setagaya pour le cours de Tenshin ryu ! Je n’ai pas vraiment de photos de ce cours, mais j’ai pas mal filmé, donc vous verrez ça plus tard. Les sensei commencent à me connaître et j’ai droit à pas mal de corrections sur mes mouvements.

Demain, j’attaque ma dernière semaine de cours, et il y a pas mal de travail pour préparer l’examen de vendredi, donc j’écrirai moins. Si j’ai du temps, je sortirai quelques petites vidéos, mais rien n’est moins sûr 😉


Samedi 16 mars

Samedi matin, j’ai un cours de japonais en visio pour parler des styles vestimentaires au Japon. C’était assez drôle de voir toutes les modes étranges qui ont traversé le pays depuis les années 70 ; les années 90/2000 n’ont pas épargné les Japonais ! La fin du cours se concentre sur les vêtements traditionnels, ce qui est vraiment plus intéressant pour moi que les modes modernes.

Je file ensuite à Ikebukuro pour un cours de Tate 殺陣 réservé sur streetacademy.com. Tout est en japonais, et mon enseignant m’avait prévenu qu’il n’était pas à l’aise en anglais. Je rencontre Yuya Matsuda, qui sera mon sensei pour ces deux heures. Je partage le cours avec Akira san et Kosuke san. Tous trois sont très accueillants, et mis à part quelques éléments de vocabulaire bien spécifiques, on se comprend assez bien. La salle est assez petite, et je n’ai pas pris le bon objectif, ce qui fait que j’ai eu du mal à filmer (sans compter une fausse manip qui m’a fait perdre quelques enregistrements). Le cours débute par la consigne de sécurité inévitable en Tate : attention de ne pas armer trop « grand/derrière », car c’est l’accident le plus dangereux qui puisse arriver. Nous faisons une bonne préparation physique et enchaînons avec les exercices de base, seul, puis à deux pour préparer la chorégraphie. Nous faisons une chorégraphie à trois, une avec moi dans le rôle du héros et l’autre avec Akira en héros. Nous avons bien travaillé et bien rigolé aussi, et mine de rien, nous avons très peu utilisé l’anglais, ce qui est une petite victoire. En effet, me dire que je peux intégrer un groupe quasi non anglophone est un objectif que j’avais.

Je rentre rapidement pour changer de sac, et je repars pour Yokohama. Gros coup de fatigue, je m’achète donc un kurobuta, un nigiri et un jus d’orange pour reprendre des forces. Je me repose un peu dans le train et arrive à Ichigao. Arrivé à la salle, je retrouve Kuwami sensei, qui me présente à Tenshin sensei, très accueillant. Je croise Ide Sensei dans les vestiaires. Les cours commencent et nous ne sommes pas très nombreux, certains pratiquants arrivent un peu plus tard. Tenshin sensei n’est plus tout jeune, c’est Ide sensei qui dirige la séance, mais il intervient librement pendant le cours, soit pour apporter une précision, soit pour montrer une technique (avec de nombreuses variations). Le cours passe bien trop vite, j’apprends un tas de détails sur l’école, et je ne cesse d’être étonné par la richesse de ce courant. Kuwami sensei est vraiment un enseignant passionnant, déjà par sa dextérité, mais aussi par la précision de ses mouvements. Il accueille et considère chaque variation, et parfois recadre les choses pour les replacer dans le système de l’école. J’ai de bonnes sensations en pratique, mais les vidéos me font pas mal redescendre.

Je fais une partie du retour avec Ide sensei et Sa san en train, et nous discutons de nourriture. J’ai donc une liste toute fraîche de trucs à goûter. D’ailleurs, je me suis arrêté manger des sushis sur le retour, et c’était excellent.

Vendredi 15 mars

Journée plus calme, j’en profite pour me reposer et vous écrire, puis je vais manger à Shibuya avec Morgane qui part demain. Nous avons goûté les “perfects gyoza” de GYOZA ROCCOMAN. Pour un peu moins de 2000 yen chacun, nous avons eu, par personne, une boisson (petite bière), 5 gyoza assez bons, un plat de soba sauté, et partagé des crevettes frites. Suite à ça, je suis allé en cours pour finir la semaine par notre présentation sur le thème des célébrations et des cadeaux. J’ai raconté ma fête d’anniversaire des 30 ans qui était vraiment énorme !

Jeudi 14 février – Toshima – Kabukichō

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de notre présidente ! Bon anniversaire, Emilie ! Je suis un peu triste de ne pas passer cette journée avec toi, mais bon, on se rattrapera.

Toshima 豊島

Ça faisait « longtemps », mais aujourd’hui est une journée exceptionnelle.

Je commence ma journée tranquillement car j’ai rendez-vous à 11h. Je marche pendant 40 minutes et j’arrive avec 25 minutes d’avance. C’est une balade quelconque dans la banlieue de Tokyo, mais ce qui m’attend l’est beaucoup moins. J’ai rendez-vous pour un cours particulier avec Takeaki Abe ! Je les retrouve au Kokokita et fais la rencontre de Fuji-san qui sera mon partenaire pour ces deux heures. Abe San et Fuji san sont tous deux acteurs et ils vont m’enseigner quelques bases de leur méthode d’escrime japonaise de spectacle, 殺陣.

Nous travaillons dans une salle de classe, mais une salle de classe dont le sol est recouvert de véritables tatamis. Et ça, c’est très cool !

Après un « échauffement », nous avons abordé de nombreux points : les mouvements de base, le kata de l’école, le relâchement des hanches et des genoux pour se déplacer, l’étiquette, un peu d’acting puis des exercices à deux pour finir par des chorégraphies à trois. C’était très intéressant et amusant. J’ai filmé l’intégralité du cours et je partagerai quand j’en aurai le temps les éléments marquants de cette session. Bien sûr, ces rencontres ont pour objectif d’améliorer la méthode d’escrime japonaise de spectacle que je développe en France et j’espère que vous serez nombreux à vouloir l’essayer à l’avenir.

À chaque groupe que je rencontre, je découvre des variations subtiles des mouvements du sabre. Bien sûr, ils ont tous leurs justifications, et c’est la confirmation qu’il n’y a pas de vérité pour faire tel ou tel mouvement. Alors que de nombreux pratiquants s’entraînent à essayer de polir, infiniment, un système bien défini, je découvre sans cesse que rien n’est absolu. Comme pour le reste, il y a des choix, en regard d’objectifs et d’une histoire. Même s’il peut sembler étrange que je ne m’inscrive pas dans un style ou une discipline particulière, en réalité, je suis juste à la recherche d’une expression qui me soit personnelle. Si, comme beaucoup, j’aspire à une certaine reconnaissance, factuellement, je ne fais pas grand-chose pour que ça arrive, et même pire, lorsque cela commence à arriver, je la rejette. J’aime observer un sujet avec différentes approches, j’étudie sérieusement ce qu’on me propose et j’attends de voir comment tout cela participera à l’émergence d’une pratique qui me ressemble et dont je suis fier.

La route est longue et j’essaie de m’amuser en chemin et surtout d’avancer avec des gens que j’apprécie.

Après cette belle matinée, je me dirige vers Shinjuku pour manger et aller répondre au petit jeu de piste que me propose Nicolas pour mon périple tokyoïte. C’est un super initiative de sa part et ça m’amuse beaucoup.

Godzilla ゴジラ

Je fais la rencontre du Godzilla de Kabukicho et mange un karaage 唐揚げ (poulet frit pour 1180 yen) à Torasoba. Je goûte aussi mes premiers dango (nappés de chocolat, bien sûr, 500 yen).

Kabukichō 歌舞伎町

Je navigue un peu dans Kabukicho, ce quartier est amusant mais c’est vraiment trop urbain pour moi. C’est le quartier des plaisirs nocturnes, des bars à hôtes et hôtesses, et ce n’est pas quelque chose qui m’attire. Je n’ai pas fait beaucoup de photos de ce « marché aux humains tout lisses », mais un tas de personnes qui s’en enthousiasment en parleront mieux que moi. Malheureusement, je ne peux pas monter à la tête de Godzilla car la terrasse est fermée pour le moment. Je me venge avec un donut au chocolat sous le regard désapprobateur du dinosaure puis file pour mes cours de japonais.

La journée est très belle et il fait chaud, mais elle touche déjà à sa fin !