Aujourd’hui on a eu la flemme donc on est resté à l’appart…
(désolé pour ça, j’ai mangé du poisson d’avril sur une boule de riz)
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(désolé pour ça, j’ai mangé du poisson d’avril sur une boule de riz)
Continuer la lecture de « Lundi 1 Avril 2024 »Aujourd’hui, le temps est couvert mais il ne pleut pas.
Nous profitons d’être à ENA pour visiter le musée d’art Hiroshige. Hiroshige est un peintre japonais auteur de nombreuses estampes que j’adore. C’est un petit musée qui, pour 520 yen, propose un grand espace d’exposition d’estampes “originales” (par définition, une estampe est une reproduction, mais disons traditionnelle) et un second étage dédié à la pédagogie de l’estampe. À savoir que les estampes sont des blocs de bois gravés qui servent à imprimer en plusieurs couches pour créer une image. Et chaque mois, ce musée propose de venir imprimer soi-même ses propres estampes : une petite et deux grandes en A3 (jusqu’à 5 couleurs, noir inclus). Bien sûr, pour survivre à l’utilisation hasardeuse des visiteurs, ici vous n’imprimez pas avec des blocs de bois sculptés, mais avec des facs similaires en plastique. L’utilisation est moins périlleuse mais tout aussi efficace. C’est très amusant à faire et cela permet de comprendre réellement la fabrication de ces images. On découvre aussi les blocs originaux et les outils traditionnels. Nous avons été très bien accueillis et les dames de l’accueil ont gardé nos bagages pour nous permettre de profiter de la visite. Malheureusement, les photos y sont interdites donc je n’ai pas grand-chose à vous montrer de cette matinée. Fait agréable, un papi avec un t-shirt du musée Ghibli, dont je ne suis pas sûr qu’il fasse partie du staff, nous a offert sa pochette plastique pour transporter les estampes (vendue 100 yen par le musée) et nous a donné des estampes faites au musée (par lui) sur d’autres périodes et donc des images que nous n’avions pas ! Il nous a aussi montré comment bien utiliser le matériel et nous avons un peu parlé de kendo et de mushin (l’état de non-pensée, utile en art, en kyudo et dans les budo). Il a tenu à prendre en photo mon sweat du club d’Annecy. Il n’y avait presque personne et c’est un luxe que j’apprécie même si je suis un peu triste que cette belle pratique n’attire pas les foules. J’aimerais faire découvrir l’estampe lors d’ateliers avec l’association, mais cela demande pas mal de matériel, de travail et donc de ressources que nous n’avons pas pour le moment.
Ena n’est pas une ville très jolie ( pour ce que nous en avons vu) mais notre séjour y fut très pratique et bien moins coûteux qu’une auberge à Magome ou Tsumago. C’est aussi à quelques dizaines de mètres de notre hôtel que nous avons restitué notre voiture. L’expérience de location avec Toyota Rent a Car est très pratique, certes nous avions pris leur assurance mais la prise et la restitution du véhicule furent simples et rapides.
En début d’après-midi, nous prenons le train pour Kyoto via Nagoya. Nous avions envisagé de faire un saut à Nagoya mais la fatigue et nos bagages nous ont poussés à prendre directement le Shinkansen une fois dans la plus grande gare du monde. À titre indicatif, la location de voiture était plus simple que la prise de billet pour le Shinkansen…
Une fois à Kyoto, nous découvrons avec joie notre Airbnb pour les 5 prochaines nuits. Après avoir posé nos bagages, nous faisons un saut au temple Tō-ji 東寺 juste à côté. C’est magnifique mais nous arrivons au moment de la fermeture journalière. Ici, la visite du temple est payante, les visiteurs sont invités à sortir à 17h pour pouvoir acheter à 18h un billet “de nuit”. C’est très beau et à deux pas, nous y retournerons. Du coup, nous allons faire quelques courses (les supermarchés ici n’ont pas grand-chose à voir avec les nôtres) pour manger tranquillement et finir la soirée par un petit jeu avant un repos bien mérité !
La matinée est très pluvieuse, mais ce n’est pas grave car nous avons prévu de parcourir la Nakasendo en voiture pour rejoindre Magome. Entre la pluie et le printemps tardif, le trajet n’est pas vraiment intéressant. J’irais même plus loin : ce Japon « rustique », loin des circuits touristiques, est par endroits plutôt moche. Aussi, on parle sans arrêt de la propreté du Japon, mais certains bords de route sont très sales. Le Japon est un pays merveilleux, mais l’idéaliser n’est pas utile. Comme partout, il y a des endroits inintéressants, sales ou problématiques.
Vers 13h, nous arrivons à Magome et la pluie s’arrête. Nous allons parcourir à pied une partie de la Nakasendo, plus précisément entre la ville poste frontière de Magome et sa jumelle Tsumago. Ces deux villages sont très touristiques et absolument magnifiques. La balade est agréable et assez facile, mais ce n’est pas une carte postale médiévale tout du long, comme certains la vendent parfois. Les deux villages sont très beaux, et comme pour Suwa, j’aurais aimé y passer plus de temps. La randonnée est très sympathique, mais ne vous attendez pas à revivre un épisode de Samurai Champloo non plus.
Le soir nous dormons à Ena dans un hotel container (marrant), et mangeons dans un restaurant de tonkatsu typique.
Sans surprise, le temps est très nuageux ce matin. Le mont Fuji est caché et le restera. Nous nous rendons en voiture au musée du Kiri-e à Shimoyama.
Le kirie est du découpage, ou plus littéralement du dessin découpé. C’est ce vers quoi s’oriente principalement ma pratique artistique aujourd’hui. Le musée est dans un parc supposément très beau, mais le printemps tardif ne nous offre encore qu’un paysage montagneux très gris. L’exposition est assez petite mais très impressionnante. Il y est représenté des artistes de très grande qualité et une belle variété dans cet art qui existe depuis longtemps dans de nombreuses régions du monde. Bref, une très belle visite qui valait le détour. C’est pour moi une très belle opportunité d’approfondir ma pratique. Malheureusement c’est complètement interdis d’y faire des photos mais je vous met le site en lien (il ne rend absolument pas justice à l’expo, mais c’est mieux que rien)
L’après-midi, nous nous rendons à Suwa 諏訪市 pour visiter le sanctuaire Suwa-taisha 諏訪大社. Il est en travaux mais ça reste un très bel endroit.
Nous dormons dans une chambre de style japonais avec vue sur le lac. Nous profitons aussi du onsen privé “Abricot”, l’eau à 57 degrés avec vue sur le lac aussi. C’est très chaud, pour en profiter (sans avoir trop la tête qui tourne) il faut alterner avec des douches un peu plus fraîches. En tout cas, on en ressort avec la peau très douce ! Le soir, nous avons un peu de mal à trouver un restaurant pour manger sans faire la queue et nous nous rabattons sur un restaurant “italien”. J’en profite pour goûter la “pizza japonaise” qui m’intriguait beaucoup. Celle-ci était plutôt bonne et je ne suis pas déçu, alors que ça m’arrive souvent d’être déçu par des pizzas françaises. Alors c’est peut-être parce que je m’attendais à rien, mais bref j’ai bien mangé ! Même le tiramisu était bon malgré une portion ridiculement petite !
S’il devait y avoir une seule journée ensoleillée, je voulais que ce soit celle-là. Au départ d’Hakone, nous voulons faire le tour des cinq lacs et profiter du mont Fuji. Nous commençons par aller au torii de la paix. Les gens font la queue pour faire une photo dessous. Franchement sans moi. Nous marchons un peu au bord du lac, visitons le temple, et voyant que les nuages s’amoncellent devant le mont Fuji, nous repartons vers le lac suivant. Nous avons donc enchaîné les belles vues de monts fuji, mais de nombreux endroits sont pensés pour resplendir avec les cerisiers. Notamment l’écomusée de Saiko, qui est beau, mais un peu décevant avec les arbres complètement nus et l’herbe jaune.
La balade est très belle et nous dormons au bord du lac Shoji dans une chambre avec vue sur le mont Fuji. Je croise très fort les doigts pour avoir une éclaircie demain matin mais ce n’est pas prévu et nous avons déjà été bien gâté par la météo aujourd’hui.
Aujourd’hui, il fait très mauvais. Grosse pluie.
Notre première visite étant en intérieur, ce n’est pas grave. Nous prenons le train depuis Shinagawa jusqu’à Odawara. À Odawara, nous récupérons une Toyota Sienta chez Toyota Rent a car. Nous avons réservé bien en avance et la récupération de la voiture est assez simple et rapide (plus qu’en France, bizarrement). Je prends le volant à droite pour mes premières minutes de conduite à gauche ! Nous roulons quelques minutes dans Odawara pour rejoindre l’un des parkings du Château. Ça se passe plutôt bien. Les gens ne sont pas excités au volant, je roule tranquille et ça va ! Nous visitons le château en commençant par le petit temple à l’ouest et rentrons par l’arrière du parc, en arrivant donc directement dans la cour du donjon. Le château d’Odawara a été restauré assez récemment et est très beau de l’extérieur. L’intérieur est moderne et ressemble à pas mal de musées du monde. L’exposition n’est pas très grande, mais compte quelques très belles maquettes en bois. La vue depuis le sommet du donjon doit être jolie mais un jour de pluie elle n’est pas très intéressante. Après cette visite, nous souhaitons manger. Nous traversons donc le parc du château qui doit être magnifique en pleine floraison des cerisiers. Soit théoriquement pile en ce moment. Mais la réalité est tout autre. Aujourd’hui le 26 (floraison annoncée le 18 mars), la végétation est encore très grise et sans fleurs. (mise à part les quelques espèces qui fleurissent bien plus tôt). Nous mangeons dans un restaurant traditionnel de Soba, j’ai fait quelques découvertes gustatives et c’était très bon.
Suite à cela, nous reprenons la voiture pour le temple bouddhiste Daiyuzan Saijoji. Il pleut toujours des cordes et nous y allons sans trop d’espoir car Google annonce une fermeture à 16h. Mais ça a l’air très beau et nous tentons le coup. Sur place, il y a peu de voitures et encore moins de monde. Les premiers abords du temple ne sont pas très beaux avec de grands bâtiments “modernes” (qui ont quelques dizaines d’années). Nous franchissons l’entrée principale, et il n’y a pas grand monde et très peu de chance que cet espace soit fermé au public. Cette cour est déjà plus jolie.
Plus nous avançons et plus on découvre l’étendue du site, et la beauté des éléments qui le composent. Devant l’un des très grands temples, nous voyons de la lumière. Quelques moines passent et l’un d’eux nous fait signe de la main. Quelques secondes plus tard, il nous invite à nous approcher et vient nous parler. Nous enlevons nos chaussures et il nous dit que si nous restons silencieux nous pouvons entrer et assister à la cérémonie qui se prépare. Il est très avenant. Nous exécutons et entrons, en quelques minutes une cérémonie mystérieuse commence. Il y a les moines, quelques “spectateurs japonais” (moins de dix) assis, bien habillés et portant une sorte de collier en tissu. Apparemment pas des touristes comme nous, qui sommes les seuls “intrus”. La cérémonie dure entre 30 et 45 min, et reste assez obscure pour les non-initiés, mais le lieu et l’ambiance sont incroyables.
Après la cérémonie, le moine qui nous a accueilli revient vers nous. Il nous explique que cette cérémonie était exceptionnelle (1 fois par an). Il nous demande ce que nous en avons pensé, d’où on vient et où l’on va le soir même. Nous le remercions encore de nous avoir invités à entrer. Nous poursuivons la visite du complexe bouddhiste, et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est exceptionnellement beau. Il pleut, mais on est seul sur le site. Nous avons eu froid mais le seul regret est de ne pas pouvoir rester plus longtemps. La nuit tombe et nous serons bientôt en retard pour le booking. Le soir, nous mangeons dans un minuscule izakaya/karaoké tenu par deux vieux. Nous avons mangé sur des tables basses, sur un tatami. La souplesse nous faisant défaut à tous les quatre, l’assise n’était pas des plus confortables. La cuisine était bonne et l’ambiance rigolote avec tous ces posters dédicacés par des acteurs inconnus (pour nous) qui tapissent les murs.
Nous avons passé la nuit à l’auberge Manten No Hoshi à Hakone. C’est un ryokan, propre et typique, mais sans grand luxe. Il y avait 4 onsen privatisables. Nous avons donc essayé un onsen extérieur sous la pluie (de nuit), très sympa, ainsi qu’un plus petit à l’intérieur. C’était ma première nuit sur de véritables tatamis, avec des futons pas très épais, et bien c’était dur ! J’ai quand même réussi à dormir, mais pour quelqu’un comme moi qui dort sur le côté en appuyant sur mon bras, ce n’était pas super confortable. En résumé, la journée avait mal commencé avec cette pluie diluvienne, mais le temple, les restaurants et l’hébergement étaient vraiment bien.
Il pleut.
Je décide de consacrer ma dernière journée seul à l’achat de souvenirs pour mes amis. Je me rends d’abord à CHIYODA au fameux 櫻屋 SAKURAYA. C’est un magasin d’équipement pour les arts martiaux. Je voulais y acheter un sabre en bois assez précieux commandé par Loïc, mais il n’est malheureusement plus en stock. Les bokuto et les shinai sont beaucoup moins chers au Japon qu’en France, mais reste ensuite à les acheminer, ce qui n’est pas sans un certain coût.
Semi-déçu par cette visite (car je pensais y faire un achat exceptionnel), je me dirige vers le Nippon Budokan 日本武道館 et fais un tour dans ses jardins. Pour être honnête avec vous, ne vous faites pas d’illusions, en mars sous la pluie, le parc n’est pas incroyable. L’herbe est encore jaune, les cerisiers et autres arbres sont loin d’être en fleurs, et il pleut. « Oui, mais c’est l’ambiance de ‘garden of word’… » Alors non, déjà ce n’est pas le bon parc et non, la pluie sur l’eau ne suffit pas à créer cette ambiance romantique, il faut aussi la musique 😉 .
Bref, c’est un très bel espace de respiration dans la ville, mais si vous avez l’occasion de vous balader dans la nature, c’est dispensable. Toutefois, les vestiges des fortifications sont intéressants pour peu qu’on aime la bonne maçonnerie.
Après ce parc, je décide de rejoindre Akihabara à pied. Pour voir.
Eh bien, c’est la grande ville…
Voilà, voilà, impressionnant mais ce n’est vraiment pas mon truc. J’arrive à Akiba pour acheter des geekeries pour mes amis. J’ai visité le Mandarake de 8 étages (mais 8 petites surfaces), le Super Potato (tout petit, tout serré, tout chaud), et d’autres boutiques, y compris le Bookoff (très grand). Pour dire vrai, c’est une sorte d’enfer pour moi. Trop de gens dans pas assez de place, c’est le temple d’un capitalisme fou dont les idoles en plastique ont des seins énormes et des visages d’anges, il y a tout et n’importe quoi, classé selon un système mystérieux, à tous les prix. Bref, j’ai paniqué, je n’ai rien acheté, ni pour personne, même pas pour moi, alors que je suis tombé sur un artbook assez rare qui me faisait de l’œil depuis longtemps. Après quelques heures à me dire : “mais au fait, il l’a celui-là ? et puis c’est qui son perso préféré ? mais attends je l’ai pas vu deux fois plus cher à l’étage du dessous ? »
J’ai fui.
Direction Haneda, non pas pour reprendre l’avion, mais pour récupérer Emilie et ses parents !
Je ne sais pas si j’aurai le temps de vous écrire autant (ce n’est pas grand-chose mais ça prend déjà pas mal de temps), mais je vais faire de mon mieux, au moins avec quelques photos de nos visites. Le temps s’annonce pas génial cette semaine, mais je pense qu’on arrive dans la meilleure période pour les cerisiers. On croise les doigts pour quelques balades au soleil !
Temps assez médiocre aujourd’hui.
Je me lève relativement tôt aujourd’hui car j’ai un entraînement de kendo ce matin. Ce sera le premier et sûrement le dernier de mon séjour donc je suis assez excité à cette idée.
Je me rends donc à Akatsuka au Dojo Kyumeikan et j’y suis très bien accueilli. Je les avais contactés quelques jours plus tôt et ils m’avaient gentiment répondu. C’est un dojo avec une forte volonté d’amitié à l’international et ça se ressent. Amis français, vous pouvez y aller sans appréhension ! Avant d’en parler à Ghaïs, j’appréhendais un peu de ne pas avoir le niveau pour survivre à un entraînement japonais, mais le Japon est comme le reste du monde, il y a des gens plus forts et d’autres moins. En tout cas, le cours s’est bien passé pour moi, j’étais bien cuit, mais comme en France ^^.
Après ce bon entraînement, Kato sensei fait une petite démonstration de iaido et m’offre des fascicules du dojo et deux presse-papiers trop stylés. Encore merci à eux pour ce bel accueil. (Fun fact, j’ai rencontré un autre Matthieu de France qui s’entraîne là-bas. Il est très sympa et travaille au Japon !)
Je retourne à l’hôtel prendre une douche et me reposer un peu avant de repartir pour Setagaya pour mon dernier cours de Tenshinryu au Japon. C’était plus intense qu’hier mais tout aussi intéressant. J’apprécie de profiter en direct des corrections des sensei. Notamment sur les postures. Par rapport à la perception extérieure des mouvements à pleine vitesse, la réalité est bien plus complexe. Si l’on compare à des écoles plus “communes” et “modernes” de iaido où l’alignement vertical du tronc est assez strict, ici ce n’est pas systématique. Au contraire, les positions mobilisent de façon complexe toutes les parties du corps avec pour objectif la rapidité, une géométrie favorable à la sécurité vis-à-vis de l’adversaire et une capacité à ajuster le mouvement par rapport à la situation et favoriser. Ainsi, par rapport à ce que l’on perçoit, les positions sont bien plus complexes à réaliser qu’il n’y paraît. Par rapport à la sensation, les ajustements sont souvent des positions “exagérées” et pas très naturelles à priori. Les sensations sont assez difficiles à décrire mais j’ai beaucoup filmé les cours et je vais essayer d’en retranscrire une partie, cela me sera utile à l’avenir.
Et justement en parlant d’avenir, je pense vraiment pratiquer cette école dans la durée. Je suis loin de pouvoir l’enseigner mais dans quelques années ça devrait être possible. En attendant, j’aimerais trouver des gens avec qui pratiquer cette école, histoire de créer un groupe d’étude, sous la supervision pédagogique de Pierre-Emmanuel Sensei et des cadres japonais. Ide Sensei a partagé avec le groupe japonais nos intentions de dynamiser le groupe France et m’a formulé le souhait de m’évertuer à reproduire le même genre d’ambiance en France qu’au Japon. Et cette ambiance n’est pas celle du fantasme quasi militaire qui fait rêver certains occidentaux. Kuwami sensei et son groupe sont des gens chaleureux, avec beaucoup d’humour et une vraie passion pour leur art, et une recherche honnête. Kuwami sensei a même tenu à me faire une accolade à mon départ, ce qui n’est pas du tout dans les habitudes des Japonais (ni des miennes) !
Deux petites journées :
Je commence par vous écrire puis je vais à une initiation à la calligraphie proposée par mon école. C’était deux heures vraiment agréables, et j’en ressors avec une calligraphie sur carton de Haru 春 (printemps) et un kit de calligraphie (un pinceau avec 2 feuilles magiques). Honnêtement pour le prix, c’était une très bonne affaire. J’y allais aussi pour voir comment des “pros” gèrent une initiation puisque, avec l’association, nous en faisons souvent. Je pense que nos initiations menées par Loic et/ou Attilio sont vraiment qualitatives et j’ai hâte d’organiser de nouveaux stages avec Attilio.
Je termine ma journée par plusieurs cours de japonais en mode révision expresse de l’ensemble du livre (dont je n’ai vu en cours que les deux derniers chapitres mais dont je connaissais globalement les points de grammaire).
Le matin, je prends du temps pour écrire un mot de remerciement à ma famille d’accueil. À midi, je vais goûter les méga pancakes de Shibuya chez Flipper’s avec Patrice, une camarade américaine. Un peu cher (environ 3000 yen pour un demi salé, un sucré et un jus d’orange) mais vraiment délicieux !
Nous allons ensuite à l’école pour une dernière petite révision, l’examen de fin de cycle et nos projets hebdomadaires. Le test était rapide et j’obtiens 90% avec des fautes plutôt bêtes, j’aurais sûrement dû passer plus de temps à me relire. Mais ce n’est pas très important car c’est un test de changement de niveau et je m’en vais. J’ai un vrai test à réaliser (le LILATE) d’ici quelques mois pour valider le financement partiel de cette formation par le CPF. Pour chaque départ d’élève, EF organise une mini cérémonie de remise de diplôme, avec le chapeau à l’américaine, le discours et tout. Nous étions deux (avec Vanessa, une hôtesse française) à partir de cette semaine donc on a fait bref mais c’était sympa.
Bilan de cette formation : 3 semaines sont vraiment insuffisantes pour rentrer dans la méthode, le fonctionnement des cours et s’habituer à la vie tokyoïte, mais :
Si c’était à refaire ? Je le referais mais sans option intensive car le contenu était vraiment dispensable. Par contre, pour ceux qui peuvent se le permettre, évidemment qu’il faut partir plus longtemps. Je pense avoir progressé même si on ne fait pas des miracles en trois semaines, cela m’a aussi donné envie de continuer les cours. Je ne sais pas encore si j’en serai capable financièrement mais ce voyage m’a motivé à continuer de travailler mon japonais, ne serait-ce que pour pouvoir entretenir et approfondir les contacts établis ici.
Voilà, l’école c’est fini, place aux vacances !
J’ai un joli week-end de pratique en perspective. Lundi, Emilie, Michelle et Philippe arrivent pour débuter la deuxième phase de notre voyage qui s’annonce géniale !
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire ! J’ai 35 ans.
Avec des amis de l’école, nous sommes allés à Odaiba !
Notre projet était de manger dehors sous les cerisiers et d’aller nous amuser dans un batting center.
Malheureusement, le temps n’était pas assez beau pour manger dehors, les cerisiers n’étaient pas encore en fleurs, et le batting center était un tel enfer sonore que j’ai abandonné l’idée.
À la place, nous avons décidé de manger des gyozas géants au restaurant chinois, de profiter de la salle d’arcade, de voir un robot géant très stylé et la statue de la Liberté. C’était un bon moment.
Ensuite, je suis allé prendre un cours de sabre avec Kawabata sensei ! Il m’a enseigné pendant 2 heures un long kata au couteau contre le sabre ! À la fin du cours, il m’a donné le couteau en bois que j’avais utilisé pour tout l’entraînement ! Je ne sais pas si je le reverrai avant mon départ, mais c’est une belle rencontre et il m’a proposé de garder contact.
(Tout cela peut sembler d’un intérêt assez limité pour vous, mais je serais heureux de pouvoir le relire dans quelques années.)
Adolescent, on s’imagine qu’à 35 ans, on sera au mieux de notre vie professionnelle. On pense que si on doit devenir quelqu’un de notable à 35 ans, ça devrait se voir… Je viens d’un milieu populaire, d’une famille « recomposée ». J’ai fréquenté des établissements publics et j’ai reçu le minimum d’éducation religieuse nécessaire à ma culture générale. J’ai eu la liberté de pratiquer les activités que j’aimais à une intensité modérée, et j’ai eu l’espace pour aller chercher ce que je pouvais de culture artistique. À part être apprécié par le plus grand nombre, je ne sais plus trop à quoi j’aspirais plus jeune, probablement à devenir un architecte un peu reconnu. La célébrité ne m’intéressait pas, mais je voulais avoir le luxe de vivre de ma passion, de vivre en faisant une activité qui m’offre le luxe de proposer une pratique personnelle à des gens qui s’y intéressent suffisamment pour qu’ils soient prêts à payer pour ça. Donc j’imaginais sûrement m’extraire de mon milieu social et m’élever jusqu’à une profession libérale (intellectuelle) rémunératrice, ce qui susciterait la fierté de ma famille grâce à sa parenté avec le bâtiment. Adolescent, si on découvre le déterminisme social, on se dit qu’il est possible d’y échapper, qu’avec de la volonté, on peut devenir une erreur statistique. J’ai toujours été un peu moyen/plus en tout, et je pensais changer ça. Et bien, je n’y échappe pas, je suis à peu près là où je suis censé être si on tient compte de l’évolution de la société. Mais en fait, ce n’est pas grave, je ne suis pas malheureux. (Et puis, si on est notable jeune, on a trop de temps pour tout gâcher.)
Quels étaient mes espoirs ?
Rencontrer l’amour ? Eh bien ça va, je suis heureux en couple. J’ai trouvé quelqu’un avec qui partager mon quotidien et mes aspirations, et ça fait maintenant longtemps que ça roule. Elle accepte mes faiblesses, me soutient dans mes projets et j’essaie d’en faire autant pour elle. Nous partageons ce que nous aimons partager, et nous avons notre espace d’épanouissement personnel. J’espère que notre relation est équilibrée, en tout cas je ne vois pas les années passer et je n’ai pas de regret. Ce que nous partageons est la base indispensable de mon bonheur. D’ailleurs, honnêtement, si mon voyage au Japon était resté solitaire, je ne l’aurais pas fait. Ce voyage est parfait, car je ne lui gâche pas ses vacances avec mes activités en robe de samurai, mais nous allons vivre un séjour inoubliable ensemble.
Vivre de mon art ? Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment trouvé complètement ma pratique personnelle, mais j’ai l’impression d’avoir bien avancé ces deux dernières années. Je n’en suis pas encore à tirer un salaire normal de mon activité, mais j’y travaille. Je sais maintenant que pour vivre de mon art, je n’ai pas forcément besoin d’un revenu extraordinaire. Je sais aussi que la pratique ne suffit pas en soi et que je vais devoir me faire violence commercialement pour arriver à quelque chose de juste. C’est un point important : la création n’est qu’une partie de la pratique professionnelle. Pour me lancer, je vais devoir ramer, globalement seul surtout au début. Je l’ai déjà fait plusieurs fois, avec plus ou moins de succès, sans jamais me retrouver dans une situation critique. Si je n’ai plus d’argent, je trouve toujours un travail conventionnel. Je sais ce que je sais du monde du travail, et ça n’est jamais un souci. Au contraire, c’est souvent l’occasion de belles rencontres.
Et puis quoi d’autre ? Ah oui, enseigner les arts martiaux japonais. Je suis certain que c’est déjà ce que je voulais faire au lycée. Alors oui, mon parcours martial est aussi chaotique que le reste, mais j’ai l’occasion, souvent, de partager ma passion avec des gens. Aujourd’hui, je suis au Japon, je me forme à la source, je profite de cette chance extraordinaire de pouvoir aller à l’autre bout du monde juste pour voir comment c’est. Je rencontre des gens qui partagent la même passion, et j’imagine comment je vais pouvoir créer en France un environnement pour partager cette passion. Mon rêve n’a jamais été de vivre au Japon ; le Japon est un exotisme qui me passionne parce qu’il est exotique. C’est un point de perspective pour ma vie en France. Qu’est-ce qui me plaît ou me déplaît ? Comment essayer de nourrir chacun des deux mondes ? Comment l’autre nous parle de nous ? D’où vient l’émerveillement et le bien-être quotidien ? Comment mettre suffisamment d’exotisme dans ma vie pour y trouver la respiration nécessaire aux défauts de notre société (qui ont tendance à m’accabler) ?
Bref, je prends un coup de vieux, ça fait déjà longtemps que j’ai plus de cheveux, mais je vais quand même essayer d’être heureux. XD
PS : Oui, c’est abrupt et ridicule comme fin d’article, mais je n’ai ni le temps ni le talent d’écrire plus !
Matthieu