Odaiba お台場
Aujourd’hui, c’est mon anniversaire ! J’ai 35 ans.
Avec des amis de l’école, nous sommes allés à Odaiba !
Notre projet était de manger dehors sous les cerisiers et d’aller nous amuser dans un batting center.
Malheureusement, le temps n’était pas assez beau pour manger dehors, les cerisiers n’étaient pas encore en fleurs, et le batting center était un tel enfer sonore que j’ai abandonné l’idée.
À la place, nous avons décidé de manger des gyozas géants au restaurant chinois, de profiter de la salle d’arcade, de voir un robot géant très stylé et la statue de la Liberté. C’était un bon moment.
Ensuite, je suis allé prendre un cours de sabre avec Kawabata sensei ! Il m’a enseigné pendant 2 heures un long kata au couteau contre le sabre ! À la fin du cours, il m’a donné le couteau en bois que j’avais utilisé pour tout l’entraînement ! Je ne sais pas si je le reverrai avant mon départ, mais c’est une belle rencontre et il m’a proposé de garder contact.
Bilan existentiel :
(Tout cela peut sembler d’un intérêt assez limité pour vous, mais je serais heureux de pouvoir le relire dans quelques années.)
Adolescent, on s’imagine qu’à 35 ans, on sera au mieux de notre vie professionnelle. On pense que si on doit devenir quelqu’un de notable à 35 ans, ça devrait se voir… Je viens d’un milieu populaire, d’une famille « recomposée ». J’ai fréquenté des établissements publics et j’ai reçu le minimum d’éducation religieuse nécessaire à ma culture générale. J’ai eu la liberté de pratiquer les activités que j’aimais à une intensité modérée, et j’ai eu l’espace pour aller chercher ce que je pouvais de culture artistique. À part être apprécié par le plus grand nombre, je ne sais plus trop à quoi j’aspirais plus jeune, probablement à devenir un architecte un peu reconnu. La célébrité ne m’intéressait pas, mais je voulais avoir le luxe de vivre de ma passion, de vivre en faisant une activité qui m’offre le luxe de proposer une pratique personnelle à des gens qui s’y intéressent suffisamment pour qu’ils soient prêts à payer pour ça. Donc j’imaginais sûrement m’extraire de mon milieu social et m’élever jusqu’à une profession libérale (intellectuelle) rémunératrice, ce qui susciterait la fierté de ma famille grâce à sa parenté avec le bâtiment. Adolescent, si on découvre le déterminisme social, on se dit qu’il est possible d’y échapper, qu’avec de la volonté, on peut devenir une erreur statistique. J’ai toujours été un peu moyen/plus en tout, et je pensais changer ça. Et bien, je n’y échappe pas, je suis à peu près là où je suis censé être si on tient compte de l’évolution de la société. Mais en fait, ce n’est pas grave, je ne suis pas malheureux. (Et puis, si on est notable jeune, on a trop de temps pour tout gâcher.)
Quels étaient mes espoirs ?
Rencontrer l’amour ? Eh bien ça va, je suis heureux en couple. J’ai trouvé quelqu’un avec qui partager mon quotidien et mes aspirations, et ça fait maintenant longtemps que ça roule. Elle accepte mes faiblesses, me soutient dans mes projets et j’essaie d’en faire autant pour elle. Nous partageons ce que nous aimons partager, et nous avons notre espace d’épanouissement personnel. J’espère que notre relation est équilibrée, en tout cas je ne vois pas les années passer et je n’ai pas de regret. Ce que nous partageons est la base indispensable de mon bonheur. D’ailleurs, honnêtement, si mon voyage au Japon était resté solitaire, je ne l’aurais pas fait. Ce voyage est parfait, car je ne lui gâche pas ses vacances avec mes activités en robe de samurai, mais nous allons vivre un séjour inoubliable ensemble.
Vivre de mon art ? Je ne suis pas sûr d’avoir vraiment trouvé complètement ma pratique personnelle, mais j’ai l’impression d’avoir bien avancé ces deux dernières années. Je n’en suis pas encore à tirer un salaire normal de mon activité, mais j’y travaille. Je sais maintenant que pour vivre de mon art, je n’ai pas forcément besoin d’un revenu extraordinaire. Je sais aussi que la pratique ne suffit pas en soi et que je vais devoir me faire violence commercialement pour arriver à quelque chose de juste. C’est un point important : la création n’est qu’une partie de la pratique professionnelle. Pour me lancer, je vais devoir ramer, globalement seul surtout au début. Je l’ai déjà fait plusieurs fois, avec plus ou moins de succès, sans jamais me retrouver dans une situation critique. Si je n’ai plus d’argent, je trouve toujours un travail conventionnel. Je sais ce que je sais du monde du travail, et ça n’est jamais un souci. Au contraire, c’est souvent l’occasion de belles rencontres.
Et puis quoi d’autre ? Ah oui, enseigner les arts martiaux japonais. Je suis certain que c’est déjà ce que je voulais faire au lycée. Alors oui, mon parcours martial est aussi chaotique que le reste, mais j’ai l’occasion, souvent, de partager ma passion avec des gens. Aujourd’hui, je suis au Japon, je me forme à la source, je profite de cette chance extraordinaire de pouvoir aller à l’autre bout du monde juste pour voir comment c’est. Je rencontre des gens qui partagent la même passion, et j’imagine comment je vais pouvoir créer en France un environnement pour partager cette passion. Mon rêve n’a jamais été de vivre au Japon ; le Japon est un exotisme qui me passionne parce qu’il est exotique. C’est un point de perspective pour ma vie en France. Qu’est-ce qui me plaît ou me déplaît ? Comment essayer de nourrir chacun des deux mondes ? Comment l’autre nous parle de nous ? D’où vient l’émerveillement et le bien-être quotidien ? Comment mettre suffisamment d’exotisme dans ma vie pour y trouver la respiration nécessaire aux défauts de notre société (qui ont tendance à m’accabler) ?
Bref, je prends un coup de vieux, ça fait déjà longtemps que j’ai plus de cheveux, mais je vais quand même essayer d’être heureux. XD
PS : Oui, c’est abrupt et ridicule comme fin d’article, mais je n’ai ni le temps ni le talent d’écrire plus !
Matthieu