Lundi 4 mars 2024 – Shibuya – Eifuku

Shibuya stock

Shibuya

Aujourd’hui est mon premier jour d’école. Je prends donc la Yamanote-sen 山手線 (la ligne Yamanote) en direction de Shibuya 渋谷. À partir d’Ikebukuro 池袋, le train est bondé. Alors oui, on est presque aussi serrés qu’à l’heure de pointe dans le métro de Lyon, mais là, tout le monde est calme, personne ne parle ni ne bouscule. Je suis pile à l’heure, donc petit stress pour trouver l’école, mais je m’en sors. Je ne traîne pas et je file à l’adresse de l’école. Shibuya, mis à part son fameux carrefour et Hachiko, est surtout un énorme carrefour de transports en commun, donc une gigantesque gare tentaculaire sous trois énormes centres commerciaux. Donc, il y a du monde, des escaliers, des escalators et des ascenseurs partout.

Je suis donc reçu par le staff de l’école : EF Japan. Je commence à discuter avec un jeune de Zurich, une Mexicaine et une Colombienne. Nous sommes un grand groupe de nouveaux cette semaine et les niveaux en japonais sont très variés, de rien à franchement pas mal. La vue depuis le campus au 27ème étage de la Cross Tower est impressionnante. Je suis reçu par une enseignante pour mon test de placement et duo avec une autre Française, Morgane de la Martinique. Nous avons à peu près le même niveau et nous répondons aux questions basiques de l’enseignante, le tout en japonais, ce qui est déjà pas mal ! Je ne me suis pas impressionné, car je suis encore très loin d’être réactif en conversation. Je panique un peu, mon cerveau s’embrouille et je galère à comprendre des phrases simples qui sont de mon niveau. Ce voyage arrive au bon moment pour moi, je vais consolider mes bases, et cela m’aidera sûrement à progresser par la suite. Après une petite introduction au programme de la journée, nous partons en groupe (et je découvre un tas de Français, dont un autre d’Annecy !) faire un tour de Shibuya à pied, y compris le grand carrefour que nous traversons en meute de touristes. La journée d’accueil se poursuit, on nous présente le staff, les règles de vie dans le campus et ailleurs. Nous faisons alors une petite pause et j’achète un peu au hasard (car du monde attendait pour choisir derrière moi) mon premier repas/konbini (des supérettes 24/24). Pour être honnête : Autant le quartier de Shibuya et sa surabondance de stimuli ne m’emballe pas du tout, autant j’avoue que la nourriture du konbini est très bonne !

Mais le dernier cours arrive et je n’ai qu’une hâte, partir vite pour mon premier cours de Tate. Malheureusement, le timing est très serré et je dois rejoindre Eifuku pour 13h40, et le cours à Shibuya finit à 13h40. En arrivant, j’ai demandé si je pouvais quitter le cours à 13h30 pour ne pas arriver trop en retard, mais la même personne qui m’avait dit « ok » le matin me dit cette fois « ごめんなさい, ごめんなさい ! » (« désolé » ou plus clairement, « eeeee oui, mais non »). Ok, ce n’est pas grave, c’est le jeu. Mon programme était un peu ambitieux. J’ai prévenu dans la matinée qu’il était probable que j’arrive en retard le temps du transfert. Mon contact m’a excusé, mais je déteste arriver en retard.

13h40 « 皆さん、また明日! » (à demain tout le monde !) et je file comme un voleur. Pas le temps de niaiser à Shibuya, je cours pour compenser mon retard.

Eifuku

14h passées, j’arrive à Eifuku et je dois encore rejoindre la salle sans tarder, heureusement, c’est facile, pas trop loin et le quartier est calme. Je suis mal à l’aise pour plusieurs raisons, j’ai chaud, je suis en retard et je transpire comme un gros étranger que je suis. Sans oublier que je fais encore une expérience inédite ! J’arrive enfin à la salle et je rencontre KAWABATA sensei qui m’accueille gentiment me laisse me changer (et me rafraîchir un peu). Il me présente ensuite la “team ARAGAMI” que j’ai découvert et contacté via Facebook.

Prendre un cours de Tate 殺陣 (escrime japonaise de spectacle) au Japon avec une équipe de professionnels, c’est génial ! Étudier le sabre sous un maximum de formes au Japon, c’est pour ça que j’ai fait tous ces kilomètres et que j’apprends le japonais !

Je suis accueilli chaleureusement par la troupe et une fois les présentations faites, ils me montrent une partie des mouvements que l’on va étudier. Un kata (enchaînement codifié) seul avec cinquante mouvements, comprenant de nombreuses coupes pour forger une habitude de travail adaptée. Je n’aurai le temps que de voir la moitié de ce kata. Ensuite des exercices à deux, pour décortiquer ce grand kata et apprendre la sécurité lors de la pratique. Cela permet de travailler les distances, la “réception” des coups et la mise en application de la pratique solitaire. La sécurité est un point fondamental et conditionne pas mal de formes. Cela permet ensuite de travailler des enchaînements complexes en groupe en y ajoutant de l’acting.

Ensuite, ils me présentent une chorégraphie que je vais reproduire avec trois membres de la troupe. Une fois tous ces exercices faits et la chorégraphie à peu près calée, nous filmons ma performance. Je fais beaucoup de ratés car en accélérant, j’oublie une partie de la chorégraphie, mais au final, nous arrivons à filmer quelque chose de valable. Du moins sur l’écran de mon appareil photo, car sur grand écran je suis tellement insatisfait de ma prestation ! Les membres de la troupe font leur travail sérieusement et sont extrêmement patients avec moi (mais quel galérien je suis). Je ne peux que constater mon manque de pratique régulière et cela me frustre un peu.

Amis français : s’il vous plaît, entraînez vous avec moi !

Après toute cette action, nous avons vu différentes façons de saluer, des positions assises et les déplacements féminins en seiza. Tout cela est passionnant et après la reprise du premier exercice solo, Kawabata sensei me demande “combien de gardes connais-tu ?” J’en montre une douzaine et il me propose de m’en montrer d’autres. Il me présente un enchaînement codifié de 50 gardes différentes ! Si certaines semblent familières, je suis loin de pouvoir restituer tout ça ! Nous discutons un peu, mais malgré l’enthousiasme, mon japonais atteint trop vite ses limites et Google Trad est impuissant dans ces situations.

Apprendre le japonais est dans cette situation indispensable. Pour moi, si vous voulez apprendre les arts martiaux japonais directement des enseignants japonais, échanger directement avec eux transforme complètement l’expérience.

Dans mon cas, le Tate 殺陣 est quasi-inexistant en France, des troupes sont invitées régulièrement à la Japan Expo, mais il y a peu de stages, d’écoles ou de méthodes qui sont proposées. Donc, si je veux apprendre, pratiquer et partager cela en France, je dois faire le chemin vers le Japon. C’est le pitch de l’Alchimiste, vous partez, vous errez, et vous trouvez le trésor à votre point de départ. Vivre au Japon n’est pas mon objectif, j’aime vivre en France et j’aime partager toutes ces pratiques exotiques avec des gens enthousiastes pour la culture du Japon. Pour le faire d’une façon qui me corresponde, je dois pouvoir échanger avec les enseignants qui m’intéressent (et qui sont japonais).

Aujourd’hui j’ai mesuré un peu plus le chemin qu’il me reste à faire pour avoir un niveau décent, en sabre et en japonais. Cela me semble assez insurmontable… Mais bon, j’ai aussi mesuré le chemin déjà parcouru, pas énorme, mais dans la bonne voie.

Demain, ma journée sera au moins aussi exceptionnelle que celle-là. Je suis encore fatigué par le voyage et l’abondance de stimuli et d’informations, mais ce genre de période est rare dans une vie donc je suis content. J’aurai le temps de digérer plus tard.

また明日みなさん。

Dimanche 3 mars 2024 – Ueno – Arakawa

La nuit en capsule.

Avant de me coucher (et de monter la vidéo d’hier jusqu’à assez tard dans la nuit), je suis allé tester le Sento 銭湯 (bain public) de l’hôtel. C’était encore une première fois pour moi. Je suis assez pudique et je ne savais vraiment pas comment m’y prendre. Pour le mode d’emploi, tout est indiqué en anglais sur des panneaux, c’est gérable. Pour la pudeur, eh bien, à un moment il faut choisir entre nos petites habitudes et une expérience unique. Et puis on n’est pas obligé de la jouer trop exhibitionniste non plus. Si on ne traîne pas à poil dans les vestiaires, qu’on se lave de toute façon dos aux autres sur la petite chaise et qu’on rentre dans le bain sans précipitation mais sans traîner : et bien ça aussi c’est gérable !

Tout le monde le dit, les pudiques, allez-y ! C’est dommage de passer à côté. Le bain est très chaud, (il y avait aussi un sauna et un petit bain froid), c’est agréable. Honnêtement je n’étais pas non plus en super détente, mais avec l’habitude je pense que j’apprécierai de plus en plus. Je l’ai pris comme une sorte d’entraînement pour les onsens du reste du voyage. Bref, je pensais que ça me mettrait un coup de fatigue pour dormir plus facilement, mais entre les émotions et le décalage, j’ai eu beaucoup de mal à m’endormir. Par contre une fois lancé, j’ai eu beaucoup de mal à me réveiller… Bref, on n’était pas sur du matelas premium, mais honnêtement pour l’état dans lequel j’étais, je n’aurais pas mieux dormi dans un hôtel plus cher ! Donc, le capsule hôtel est validé. Tant que ce n’est que sur une très courte période, c’est une expérience amusante.

Le parc d’Ueno

上野公園 (Uenokouen) fut ma visite du matin. Il faisait très beau, pas trop froid, et si en effet les cerisiers 桜 (sakura) de l’entrée sont fleuris, ce n’est pas du tout le cas des autres. J’étais vraiment au mode radar et donc je me suis posé sur un banc au soleil pour regarder un match amateur de Baseball 野球 (Yakyū). Il y a beaucoup de touristes en ville et à un moment donné je pense qu’on était une dizaine de Français à regarder le match. J’ai traîné un peu puis je suis allé acheter mes premiers takoyaki たこ焼き (des boules de pâte au poulpe).

Vers 13h30 il est temps d’aller récupérer ma grosse valise dans un coin locker (un casier/conciergerie automatique : pratique et facile d’utilisation) et prendre la Yamanote-sen 山手線 (la ligne Yamanote) direction Tabata 田端 pour retrouver ma famille d’accueil.

Arakawa

Je suis très bien accueilli et découvre mon logement pour les 3 semaines à venir. Fatigué mais motivé pour caler mon rythme de sommeil, je décide d’aller visiter le quartier. Arakawa-ku 荒川区 (ku pour arrondissement) est une banlieue de Tokyo bordée par Sumida Gawa 隅田川 (la rivière Sumida) et bizarrement pas par la rivière Ara (qui est un peu plus loin). Le quartier est typique et assez calme, se balader au bord de la rivière est très agréable. Niveau architecture il est assez amusant de croiser une telle variété de bâtiments. Des maisons contemporaines toute serrées, des habitations plus anciennes voir carrément vétustes, temples très beau et une grande roue !

Voilà pour aujourd’hui ! Pas encore de Tate 殺陣, ni de Iaido 居合道 mais ça vient. L’immersion dans une famille japonaise est une superbe opportunité pour progresser !

Question workflow blog de voyage :

Plusieurs réflexions me viennent déjà. Ce que je produis sur les deux premiers jours m’occupe quelques heures chaque jour. Sur de petites journées comme ça, c’est possible, mais les journées avec un planning plus chargé seront plus difficiles à documenter quotidiennement. Concernant l’appareil photo, pour ne pas perdre trop de temps à éditer les photos et les vidéos, je photographie souvent en automatique (ça ne m’empêche pas de les retoucher après sur Lightroom), et je filme en manuel mais sans trop me prendre la tête. Au montage, je fais des choses très simples aussi. De plus, je travaille sur un ordinateur portable, et ce n’est clairement pas la même puissance qu’une tour. Donc, là aussi, pour gagner du temps, je fais plus simple. Voilà, les geekeries du montage vidéo sont au placard pour le moment. En même temps, le vlog voyage, n’est pas un objectif pro pour moi donc faire du contenu amateur c’est cohérent. J’espère que la qualité de mes petits projets vous plaît quand même.