C’est une pratique dont le but est la création et l’étude de chorégraphies narratives utilisant le sabre japonais.
Nous travaillons selon plusieurs axes récurent : la technique (de sabre, de chute) , la culture (étiquette japonaise, écoles de sabres, personnages célèbres, légendes, …), l’acting (exprimer et transmettre une émotion), et la création.
La pratique est parfois physique, assez technique, souvent amusante et absolument non violente.
L’objectif est de profiter (et d’acquérir pour les élèves) de notre expérience dans les écoles de sabre japonais “réalistes” pour développer des “spectacles” ou vidéos présentant de façon “romancée” nos disciplines. Le cousinage avec les clubs d’escrime européenne de spectacle ou les Jedi Academy est évident. La différence se situe dans une approche “japonisante” de la pratique.
Tout d’abord, nous allons revenir sur les origines de l’école : Le Tate ou Escrime Japonaise de Spectacle est un art issu des techniques de sabre comme le iaido, l’art de dégainer qui se pratique seul, et le kenjutsu, l’art du combat au sabre qui se pratique à deux.
Suite aux succès des films de samouraï dans les années 60 (les 7 samouraï, Yojimbo, Sanjuro, etc…), plusieurs cascadeurs et acteurs se sont spécialisés dans la reproduction de ses techniques de sabre populaires.
Depuis de nombreuses écoles au Japon forment les cascadeurs, acteurs et le public à ses pratiques et mélange sport et expression artistique.
L’école d’Art Et Budo, Escrime Japonaise de Spectacle est la première créée en France et souhaite perpétrer cette pratique riche au travers de 3 principes :
Donner : Donner des coups de sabre ou des prises pour utiliser correctement son corps et être le plus authentique possible.
Recevoir : Recevoir des coups et jouer la blessure. Cette partie ce concentre aussi sur le jeu d’acteur.
Créer : Créer ou improviser ensemble des scénarios pour ensuite les présenter en public.
Voici ce qu’est l’Escrime Japonaise de Spectacle !
L’escrime japonaise de spectacle est une discipline riche qui regroupe plusieurs activités qui agissent de concert pour proposer au public un spectacle le plus divertissant possible.
Bien sûr, le plus important reste la formation des acteurs / sabreurs, car ils sont les performeurs et donc le cœur de ce que nous souhaitons développer. C’est d’ailleurs le rôle le plus spécifique de la liste qui suit. C’est la base de notre concept et c’est ce que nous vous offrons.
Par ailleurs, les autres rôles sont indispensables à la réalisation de notre objectif qui est de partager avec le public. Ainsi la plupart de ces “rôles” seront tenus la plupart du temps par des acteurs / sabreurs, mais il est tout à fait possible de participer à l’aventure en s’investissant ailleurs que sur scène. Ainsi, si le projet vous intéresse mais que vous ne souhaitez faire que l’ingénierie son (par exemple), vous êtes le bienvenu !
Détaillons un peu chaque rôle. Au delà de vous permettre de visualiser plus concrètement le projet, cette liste permet de mesurer l’ampleur de la tâche que nous souhaitons mettre en place et de permettre à chaque participant de mesurer l’importance du travail d’équipe, ainsi que l’ensemble des points à améliorer pour rendre le spectacle le plus beau possible. Cette liste n’est pas exhaustive mais déjà très conséquente pour lancer un projet.
L’EJS (Escrime Japonaise de Spectacle) propose l’étude du sabre japonais et à l’avenir d’autres armes typiques du Japon médiéval. ( Yari, Naginata, Kusarigama, …)
Nous utilisons plusieurs types de répliques issues du commerce. Nous avons conçus celles dont nous manquions.
Nous les classons en fonction de leurs caractéristiques d’usage pour notre pratique, en allant du moins réaliste (et donc le moins dangereux) au plus réaliste.
Nous vous présentons aujourd’hui le matériel que vous utiliserez lors de nos ateliers d’escrime japonaise de spectacle.
La classification complète :
Le sabre invisible
Le sabre frite
Le sabre “chambara”
Le Bokken plastique PP
Le bokken
Le « takemitsu » réplique de cinéma en bois peint
Le iaito “alu”
le iaito “classique”
Le shinken
Détaillons la fonction de chacun (pour la liste des outils qu’utilise Matthieu lors de ses ateliers.
Le sabre invisible
Il s’agit des mains vides, ou mains sabres “Tekatana”. Idéal pour la pleine vitesse, pour travailler sans matériel, pour caler une chorégraphie ou pour travailler l’imagination et le jeu. Avec les enfants, pour les éduquer au respect du matériel, le sabre invisible est la dégradation du sabre de verre. On introduit le bokken en expliquant qu’il “est en verre” et donc fragile et donc que si les enfants le laissent tomber par terre il se casse et ils doivent faire l’exercice avec le fameux sabre invisible. Leur aptitude à manipuler le sabre invisible permet de regagner le sabre en bois.
Le sabre “frite”
Conçu pour un engagement maximum, le sabre frite est composé d’une tsuka rigide en PVC et d’une “lame” en mousse (frite de piscine), la moitié supérieure du sabre est donc complètement souple et autorise des frappes à pleine puissance (à condition de frapper avec la “lame”). Il est recouvert ou non d’une gaine en tissu pour protéger la mousse. Idéal pour expérimenter des bunkai ou kata à pleine puissance, pour les initiations, et pour les exercices de tactique de combat. Très léger, il permet des actions qui ne sont pas possibles avec un vrai sabre, il faut donc toujours prendre garde à alterner avec un outil plus réaliste pour ne pas se fourvoyer sur ce que l’on fait.
Le sabre “chambara”
Le modèle développé par l’association est différent des sabres de chambara commercialisés pour le sport du même nom. C’est l’outil le plus équilibré entre sécurité et réalisme. Il est non contondant grâce à une gaine en mousse autour d’une structure en bois. La kissaki est complètement en mousse pour limiter le pouvoir d’estoc et les risques de blessures lors de coupes “frôlant” le partenaire. La tsuka est en bois pour se rapprocher des sensations du bokken et le poids est similaire à celui d’un bokken. L’intensité des frappes doit être contrôlée, mais les chocs n’occasionnent pas de lésions superficielles, à titre d’exemple une frappe sur le crâne est comparable à une tête en football (ce n’est pas confortable, mais il n’y a pas de blessure). Très utile pour travailler une chorégraphie à distance juste, il permet à l’attaquant d’affiner son contact avec le défenseur et ou au défenseur de travailler sa réception sur la base d’un contact plus réaliste. Il permet de travailler les techniques de sabre avec plus d’intensité qu’avec le bokken.
Le Bokken plastique PP
Idéal pour débuter, il offre pour une somme raisonnable un outils très solide, peu dangereux, avec une tsuba et une saya. Il n’est pas parfait et les sensations ne sont pas superbe mais c’est un outil incroyable !
Le bokken
Le bokken et une réplique de sabre japonais en bois. Idéal pour l’apprentissage des techniques de sabre seul ou à deux. Adapté au contact entre sabres, il nécessite un certain contrôle pour ne pas blesser le partenaire mais offre une sensation plus proche d’un vrai sabre. Il apporte la notion de danger pour les pratiquants car les coups (involontaires) sont douloureux. Attaquant et attaqué peuvent alors travailler sur les manifestations de la peur (de blesser, d’être blessé) et peaufiner les techniques de sabre apprises jusque là. L’utilisation du bokken nécessite de la rigueur dans le contrôle de l’intensité des échanges. Cette intensité ne peut être augmentée qu’au prix d’une pratique sérieuse et assidue mais sera toujours limitée par la présence du risque de dommages corporels.
La réplique en bois « takemitsu »
C’est le matériel utilisé par les troupes japonaises au théâtre et au cinéma. Une réplique de sabre, avec une tsuka et une saya réaliste mais une lame en bois peinte. Légèrement plus large et avec une pointe arrondie ce sabre de spectacle et très léger. Il est donc moins dangereux et idéal pour les scènes d’action mais sa relative fragilité impose une certaine compétence technique pour un usage optimal. Son poids et son équilibre étant très loin d’un vrai sabre, le pratiquant doit avoir une bonne expérience de Iaito pour ne pas réaliser de mouvement impossibles avec une vraie lame s’il veut que son escrime reste réaliste.
Iaito “alu”
Les iaitos “extra light” sont idéal pour les représentations sur scènes ou filmé. Il ont l’apparence d’un vrai sabre mais sont non tranchants et moins lourds qu’un iaito classique (donc moins dangereux). Ils sont aussi moins coûteux que les iaito et donc les chocs sur les lames sont moins dommageables. Les chocs entre lames sont à limiter ou à contrôler car ils abîment le matériel avec un risque de casse. La légèreté de ses répliques permet un exécution plus aisé mais au détriment du réalisme. En fonction du réalisme souhaité, il est indispensable d’ajuster l’exécution au poids “théorique” d’un vrai sabre.
Iaito “classique”
Idéal pour une pratique individuelle la plus réaliste possible. Ce genre de réplique est utilisé pour l’apprentissage du iaido. La fragilité des lames cependant rendent le travail à deux trop altéré pour être vraiment intéressant. Idéal pour les scènes de film sans combat (et/ou en gros plan) car la beauté de ces réplique n’est pas comparable aux iaito alu.
Le shinken
Le Katana est l’arme réelle utilisée par les samurai. Uniquement pour une pratique individuelle. Extrêmement dangereux, on réservera sa pratique aux pratiquant avancés de iaido ou aux exercices de coupe. Son utilité pour notre discipline se limite à l’expérience de la coupe afin d’améliorer le réalisme de la pratique dans son ensemble.
Comment se déroule un cours ? Qu’est-ce qu’on y fait concrètement ?
L’escrime japonaise de spectacle est une discipline qui compte de nombreux aspects qu’il est nécessaire de travailler pour proposer des représentations les plus intéressantes possible. Nous vous présentons le plan d’un cours type, sachant que cette liste n’est pas exhaustive, mais permet néanmoins de se faire une idée de ce qu’il se passe concrètement lors d’une séance basique.
On peut résumer cette structure de cours par : Donner, prendre, imiter, jouer, créer. Les exercices de chaque section sont organisés par ordre croissant de difficulté et d’intensité.
Les techniques de sabre :
Idéaux pour se préparer physiquement à la suite, les cours commencent souvent par la pratique de Suburi (répétition d’un mouvement simple de sabre) ou l’étude de Kihon (les mouvements de base des arts martiaux).
Au besoin et en fonction de l’intensité globale du cours, les exercices seront adaptés pour mobiliser l’ensemble du corps, préparer le pratiquant et lui procurer le bien-être nécessaire.
En fonction du temps disponible pour cette partie, l’enseignant proposera des exercices de sabre plus avancés, les contres, les désarmements, la tactique, …
Cette partie est similaire à un cours de Kenjutsu ou de Iaïdo / Iaïjutsu traditionnel.
Les techniques de chutes :
Cette partie se concentre sur le fait d’apprivoiser le contact avec l’autre ou avec le sol. Il s’agit d’apprendre à recevoir une coupe ou une frappe de façon convaincante et à tomber au sol sans risque de blessure. Des chutes de toutes sortes sont étudiées : les chutes d’arts martiaux et les cascades de cinémas. L’objectif étant d’offrir un maximum de solutions à un maximum de situations tout en respectant et servant la dramaturgie de l’action. Apprendre à chuter est un travail de longue haleine qui va consister pour le débutant à appréhender le sol jusqu’à des chutes sous contrainte et plus acrobatiques (et avec accessoire) pour les plus avancés.
Sont mobilisés :
La sensibilité (lire l’intention pour organiser sa chute, adapter sa réaction à l’action, adapter son attaque au partenaire, …)
Le timing (ni trop tôt, ni trop tard)
La spatialisation (gérer et profiter de l’environnement, créer ou éviter le contact, …)
La gestion du stress (être touché, aller au sol)
L’agilité et la musculature (pour aller au sol)
Le Kata
Le Kata est un enchaînement technique mimant un duel au sabre. Il n’est pas forcément réaliste (au sens combatif du terme) mais contient un maximum de principes formels et tactiques de l’école qu’il représente. C’est un apport culturel immense pour l’étude du sabre et il nourrit le pratiquant tant bien d’exemples concrets issus des arts martiaux japonais que de l’exploration de la variété de formes qui s’y déploient. Ainsi se développe une connaissance large des budos qui permet à chacun d’éviter de tomber dans le dogmatisme pour accepter les différences de pratique. Les pratiquants pourront ainsi réutiliser des éléments appris en ayant conscience de la provenance des éléments (et construire à volonté des chorégraphies cohérentes). Chaque cours est l’occasion d’apprendre un ou plusieurs katas issus d’écoles traditionnelles ou contemporaines. La richesse de cette partie du cours est sans limite car il est possible de passer des années à apprendre les katas d’une école particulière… Si l’on souhaite en maîtriser davantage, il faut donc y passer énormément de temps et dans des cours spécifiques. Il est d’ailleurs indispensable de découvrir un maximum d’écoles et leurs spécificités afin de produire des personnages ayant un style de combat spécifique et cohérent.
La différence avec un cours classique de sabre est qu’habituellement, on travaille à formater le corps et l’esprit pour réaliser le plus précisément possible les formes d’une école*, alors que nous nous attachons à développer la compétence de chacun à saisir l’information pour la reproduire, à s’adapter plutôt qu’à s’enfermer. En contrepartie, la qualité de pratique dans chaque style dépendra de l’investissement de chacun.
L’Acting
Une fois la technique de sabre dégrossie, il s’agit d’attaquer la seconde grande facette de la discipline, le jeu d’acteur. Chaque scène se verra attribuer une histoire qu’il convient de jouer au mieux. Les combats s’inscrivent toujours dans un contexte, et de ce contexte découle une émotion pour le spectateur, un attachement pour les personnages et un investissement différent d’une démonstration d’arts martiaux.
L’acting est abordé par des jeux d’expressions et des jeux d’improvisations. Le travail sur la respiration, la gestion du stress, et la mise en condition sont développés (sans oublier une certaine dose d’auto-dérision). C’est aussi l’étude et la reproduction de scènes célèbres qui permettra aux acteurs d’acquérir une base référentielle pour développer leur jeu. Le jeu d’acteur de l’escrime de spectacle ne se limite pas au drame, au sérieux et à la violence, mais inclut de la comédie et du comique.
Nous utiliserons également les technologies vidéo pour permettre à chacun de s’auto-évaluer pour améliorer son jeu.
Création et mise en scène
Voici la partie la plus importante du cours. Ici, nous mettons en œuvre la somme de tout ce qui a été vu plus tôt. Les pratiquants se regroupent par petits groupes, choisissent ou inventent une scène (contexte, personnage, costumes, puis : Etat initial, élément perturbateur, péripéties, résolution, fin/dénouement), la préparent ensemble pour pouvoir la montrer aux autres. La règle est simple, les combats doivent être sécurisés, et la scène reproductible (l’improvisation a donc sa place en préparation, mais les chorégraphies doivent être fixées). En fonction de l’aisance des pratiquants, les contraintes sont ajustées. Pour les plus débutants, nous proposons des contraintes qui vont leur faire gagner du temps sur la mise en place et les placer rapidement dans l’action et le jeu, en leur proposant des rôles qui correspondent à leurs aptitudes naturelles. Pour des pratiquants initiés et habitués à créer en groupe, les contraintes sont minimum, nous leur proposons simplement un thème et ils doivent produire quelque chose. Les pratiquants les plus avancés pourront soit aider les autres, soit relever un défi créatif, les contraintes sont maximum pour les tirer hors de leur zone de confort (adaptations de pièces grecques, jeu muet, et ou masqués, rôles à contre pied, …).
* : Ce travail est important pour la préservation du patrimoine culturel du Japon, et nous ne le dévalorisons absolument pas, car nous nous investissons aussi dans des écoles “classiques”. De plus, cette affirmation n’est vraie que pour les premières années de pratique, en effet à partir d’un certain niveau (souvent 3ème dan), le pratiquant doit se libérer de la forme et retrouver une sorte de liberté dans le style. Cependant, si le travail de base de l’école est suffisamment ancré, cette forme de liberté s’exprimera dans des éléments subtils et le style ne sera pas altéré.