La méthode Escrime Japonaise de Spectacle

Comment se déroule un cours ? Qu’est-ce qu’on y fait concrètement ?

L’escrime japonaise de spectacle est une discipline qui compte de nombreux aspects qu’il est nécessaire de travailler pour proposer des représentations les plus intéressantes possible. Nous vous présentons le plan d’un cours type, sachant que cette liste n’est pas exhaustive, mais permet néanmoins de se faire une idée de ce qu’il se passe concrètement lors d’une séance basique.

On peut résumer cette structure de cours par : Donner, prendre, imiter, jouer, créer.
Les exercices de chaque section sont organisés par ordre croissant de difficulté et d’intensité.

Les techniques de sabre :

Idéaux pour se préparer physiquement à la suite, les cours commencent souvent par la pratique de Suburi (répétition d’un mouvement simple de sabre) ou l’étude de Kihon (les mouvements de base des arts martiaux).

Au besoin et en fonction de l’intensité globale du cours, les exercices seront adaptés pour mobiliser l’ensemble du corps, préparer le pratiquant et lui procurer le bien-être nécessaire.

En fonction du temps disponible pour cette partie, l’enseignant proposera des exercices de sabre plus avancés, les contres, les désarmements, la tactique, …

Cette partie est similaire à un cours de Kenjutsu ou de Iaïdo / Iaïjutsu traditionnel.

Les techniques de chutes :

Cette partie se concentre sur le fait d’apprivoiser le contact avec l’autre ou avec le sol. Il s’agit d’apprendre à recevoir une coupe ou une frappe de façon convaincante et à tomber au sol sans risque de blessure. Des chutes de toutes sortes sont étudiées : les chutes d’arts martiaux et les cascades de cinémas. L’objectif étant d’offrir un maximum de solutions à un maximum de situations tout en respectant et servant la dramaturgie de l’action. Apprendre à chuter est un travail de longue haleine qui va consister pour le débutant à appréhender le sol jusqu’à des chutes sous contrainte et plus acrobatiques (et avec accessoire) pour les plus avancés.

Sont mobilisés :

  • La sensibilité (lire l’intention pour organiser sa chute, adapter sa réaction à l’action, adapter son attaque au partenaire, …)
  • Le timing (ni trop tôt, ni trop tard)
  • La spatialisation (gérer et profiter de l’environnement, créer ou éviter le contact, …)
  • La gestion du stress (être touché, aller au sol)
  • L’agilité et la musculature (pour aller au sol)

Le Kata

Le Kata est un enchaînement technique mimant un duel au sabre. Il n’est pas forcément réaliste (au sens combatif du terme) mais contient un maximum de principes formels et tactiques de l’école qu’il représente. C’est un apport culturel immense pour l’étude du sabre et il nourrit le pratiquant tant bien d’exemples concrets issus des arts martiaux japonais que de l’exploration de la variété de formes qui s’y déploient. Ainsi se développe une connaissance large des budos qui permet à chacun d’éviter de tomber dans le dogmatisme pour accepter les différences de pratique. Les pratiquants pourront ainsi réutiliser des éléments appris en ayant conscience de la provenance des éléments (et construire à volonté des chorégraphies cohérentes).  Chaque cours est l’occasion d’apprendre un ou plusieurs katas issus d’écoles traditionnelles ou contemporaines. La richesse de cette partie du cours est sans limite car il est possible de passer des années à apprendre les katas d’une école particulière… Si l’on souhaite en maîtriser davantage, il faut donc y passer énormément de temps et dans des cours spécifiques. Il est d’ailleurs indispensable de découvrir un maximum d’écoles et leurs spécificités afin de produire des personnages ayant un style de combat spécifique et cohérent.

La différence avec un cours classique de sabre est qu’habituellement, on travaille à formater le corps et l’esprit pour réaliser le plus précisément possible les formes d’une école*, alors que nous nous attachons à développer la compétence de chacun à saisir l’information pour la reproduire, à s’adapter plutôt qu’à s’enfermer. En contrepartie, la qualité de pratique dans chaque style dépendra de l’investissement de chacun.

L’Acting

Une fois la technique de sabre dégrossie, il s’agit d’attaquer la seconde grande facette de la discipline, le jeu d’acteur. Chaque scène se verra attribuer une histoire qu’il convient de jouer au mieux. Les combats s’inscrivent toujours dans un contexte, et de ce contexte découle une émotion pour le spectateur, un attachement pour les personnages et un investissement différent d’une démonstration d’arts martiaux.

L’acting est abordé par des jeux d’expressions et des jeux d’improvisations. Le travail sur la respiration, la gestion du stress, et la mise en condition sont développés (sans oublier une certaine dose d’auto-dérision). C’est aussi l’étude et la reproduction de scènes célèbres qui permettra aux acteurs d’acquérir une base référentielle pour développer leur jeu. Le jeu d’acteur de l’escrime de spectacle ne se limite pas au drame, au sérieux et à la violence, mais inclut de la comédie et du comique.

Nous utiliserons également les technologies vidéo pour permettre à chacun de s’auto-évaluer pour améliorer son jeu.

Création et mise en scène

Voici la partie la plus importante du cours. Ici, nous mettons en œuvre la somme de tout ce qui a été vu plus tôt. Les pratiquants se regroupent par petits groupes, choisissent ou inventent une scène (contexte, personnage, costumes, puis : Etat initial, élément perturbateur, péripéties, résolution, fin/dénouement), la préparent ensemble pour pouvoir la montrer aux autres. La règle est simple, les combats doivent être sécurisés, et la scène reproductible (l’improvisation a donc sa place en préparation, mais les chorégraphies doivent être fixées). En fonction de l’aisance des pratiquants, les contraintes sont ajustées. Pour les plus débutants, nous proposons des contraintes qui vont leur faire gagner du temps sur la mise en place et les placer rapidement dans l’action et le jeu, en leur proposant des rôles qui correspondent à leurs aptitudes naturelles. Pour des pratiquants initiés et habitués à créer en groupe, les contraintes sont minimum, nous leur proposons simplement un thème et ils doivent produire quelque chose. Les pratiquants les plus avancés pourront soit aider les autres, soit relever un défi créatif, les contraintes sont maximum pour les tirer hors de leur zone de confort (adaptations de pièces grecques, jeu muet, et ou masqués, rôles à contre pied, …).  

* : Ce travail est important pour la préservation du patrimoine culturel du Japon, et nous ne le dévalorisons absolument pas, car nous nous investissons aussi dans des écoles “classiques”. De plus, cette affirmation n’est vraie que pour les premières années de pratique, en effet à partir d’un certain niveau (souvent 3ème dan), le pratiquant doit se libérer de la forme et retrouver une sorte de liberté dans le style. Cependant, si le travail de base de l’école est suffisamment ancré, cette forme de liberté s’exprimera dans des éléments subtils et le style ne sera pas altéré.

Quelques articles qui m’ont aidé à rédiger.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Escrime_artistique

http://www.escrime-ffe.fr/fichiers/livret-escrime-artistique-web2071005017

https://www.escrime-spectacle.com/index.php/fr/

https://www.coursflorent.fr/formation/ecole-acteur/devenir-acteur-annee-1

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